La qualité des relations des jeunes enfants avec leur entourage a une profonde influence sur l'architecture du cerveau de tout petits. Au cours de la dernière décennie, la recherche a clairement montré que l'architecture du cerveau des enfants avant l'âge de 5 ans a un influence phénoménale sur leur vie sociale, émotionnelle, langage, mémoire, développement physique et cognitif. Nous savons que le développement social-émotionnel est essentiel à la maîtrise de tous les domaines connexes (Foley et Hochman, 2006). Jack Shonkoff, M.D disait : "Le développement sain dépend de la qualité et de la fiabilité des relations de l'enfant avec les personnes importantes dans sa vie, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la famille. « Le développement de l'architecture du cerveau dépend de la mise en place de ces relations (Conseil scientifique national sur Enfant en développement, 2004)

        Le développement social fait référence à la capacité d'un jeune enfant à créer et à soutenir les relations sociales avec les adultes et les autres enfants. "Le développement social signifie apprendre à former et valoriser les relations avec les autres. Les relations bienveillantes et intimes sont la structure de base dans lequel tout développement significatif se déroule. Le développement social commence dans l'enfance, quand les nourrissons répondent à la voix, à l'odorat et au toucher des personnes importantes dans leur vie. Quand ces premières expériences sociales sont gratifiantes, elles soutiennent la prochaine étape du développement social. L'exploration excitante d'un tout-petit de nouveaux endroits est activée par une relation sécurisée avec un adulte de confiance qui fournit une base à l'enfant pour faire ses découvertes. Les tout-petits apprennent à partager, à coopérer, à tour de rôle, et négocier à travers les relations (Michigan Department of Community of Health 2003, p. 10).

       Comme les enfants grandissent, leurs relations avec les pairs prennent une plus grande importance. Alors que les enfants grandissent et font face à des défis, ils ont des opportunités d'apprendre des compétences telles que la coopération, la négociation, l'appréciation des besoins des autres et les droits. Cela conduit à la capacité de parfois mettre de côté leurs propres besoins et désirs pour satisfaire les besoins des autres. "La capacité de se connecter avec des adultes et d'autres enfants et d'apprendre des autres influencent le développement du nourrisson dans tous les autres domaines. A travers l'interaction avec les autres, l'enfant apprend des autres à travers l'imitation et la communication. Apprendre une langue, la résolution de problèmes, le jeu et les jeux sociaux, dépendent du développement social. Avec un soutien correct, le nourrisson développe éventuellement la capacité de participer à un groupe social. Le développement social réussi au cours des trois premières années prépare l'enfant pour l'école maternelle et l'école (Ohio Child Care Resource and Referral Association, 2006, page 29).

         "Le développement affectif est étroitement lié au développement social et se réfère aux sentiments du jeune enfant à propos de lui-même ,des gens dans sa vie, et de l'environnement dans lesquels il joue et vit (Département de la santé communautaire du Michigan, 2003, p. 11). "Cela comprend la capacité de l'enfant à reconnaître, exprimer et gérer les sentiments .

          Le développement émotionnel sain est la capacité à gérer une gamme complète d'émotions - de la joie à la tristesse, à la frustration et à la colère - de manière appropriée. Apprendre à gérer de puissantes émotions, et maintenir la concentration et l'attention, l'auto-régulation, est un processus qui se développe au fil du temps à travers des interactions réciproques avec les adultes. Le centre de développement de l'enfant à l'université Harvard appelle ces interactions, "servir et retourner "(Centre pour l'enfant en développement, 2015).

          Ces interactions bidirectionnelles fournissent à l'enfant des indices qui développent des émotions fortes ou faibles en lien avec les adultes. Les émotions, comme le plaisir, la frustration, la détresse, colorent l'expérience de l'enfant et offrent une ouverture à leur développement émotionnel. Un nourrisson réagit fortement à l'inconfort physique, y compris la faim et la fatigue.

          Le répertoire comportemental émotionnel d'un nourrisson est basique, allant de bruits doux à des cris forts, et est façonné par le tempérament. Les tout-petits développent une gamme d'émotions. Ils peuvent avoir des crises de colère, ils s’agitent ou deviennent facilement frustrés. Cela arrive aussi quand un enfant commence à affirmer son indépendance en préférant essayer de faire les choses "par soi-même" sans aide. Dans la plupart des cas, ces comportements sont typiques pour l'âge et le développement de l'enfant et ne sont pas une cause de préoccupation.

          L'attachement entre la mère et l'enfant se produit pendant la grossesse et vers l'âge de 8 mois est déjà établi et constitue la base sur laquelle le futur adulte établit des relations.

          L'enfant développera des relations d'attachement avec d'autres personnes (père, grands-parents, autres membres de la famille, éducateurs, enseignants, instituteurs, enseignants, etc.), mais ces attachements seront basés sur la façon dont il s'est développé avec sa mère. Bien que l'attachement soit inné, la manière dont il se manifeste dépend de la relation de l'enfant avec sa mère (ou le soignant). Le bébé a besoin de se sentir en sécurité et digne de confiance vis-à-vis de l'autre, et certains bébés peuvent être terriblement en détresse s'ils en sont séparés, même pour des très courtes périodes.

          Il existe plusieurs types d'attachement que le bébé peut développer par rapport à sa mère.

          L'importante théorie de l'attachement a été développée par John Bowlby, un psychiatre, l'un des spécialistes de la psychanalyse de l'enfant, et Mary Ainsworth, une étudiante de John Bowlby.

            Mary Ainsworth, une étudiante de Bowlby, a mené une étude au cours de laquelle elle a observé 76 jeunes enfants et la façon dont leurs mères répondaient à leurs besoins: alimentation, pleurs, caresse, contact visuel et sourire. Elle a également voulu voir comment les enfants réagissent à la séparation de leur mère. Voici son expérience :

Ensuite, sa mère a quitté la salle en 3 intervalles, chaque fois pendant 3 minutes. Dans deux des intervalles, l'assistant resta dans la pièce et dans la troisième il partit, l'enfant restant seul. Ainswoth a constaté que les bébés se comportaient différemment à la séparation et au retour de la mère, en fonction de trois types :

Les bébés avec un attachement « secure » (les deux tiers des cas) souhaitaient explorer la pièce indépendamment de leur mère, tout en regardant leur maman; quand ils en ont été séparés, ils ont pleuré, mais au retour de leur mère, ils ont apprécié et ont tendu les mains vers elle.

Les bébés avec un attachement anxieux ou ambivalent (10%) semblaient très incertains et craintifs; ils ne voulaient pas s'éloigner de leurs mères pour explorer la pièce seuls; quand ils ont été séparés de leur mère, ils ont été très affectés, agités.et ils ont pleuré beaucoup; au retour de leur mère, ils ont cherché à s'en approcher, mais en même temps ils l'ont rejetée en colère, ne voulant pas être calme et la prendre dans les bras

Les bébés avec un attachement « évitant » 20-25% ont semblé être indépendants, ont exploré la salle sans l'aide de la mère et, contrairement aux enfants en sécurité, n'ont pas oublié de voir si leur mère était proche d'eux ou non; séparés de leur mère, ils étaient très détachés et pourtant, en regardant les battements de cœur, ils ne se sentaient pas bien; quand la mère est revenue, ils l'ont grondée ou l'ont évitée.

Après avoir observé la relation mère-enfant, Mary Ainsworth est arrivée aux conclusions suivantes:

• les mères attachées en toute sécurité aux enfants étaient très réceptives aux besoins des enfants en termes d'alimentation et d'affection, en prenant soin de répondre aux indices non verbaux des enfants (par exemple, elles souriaient quand leurs enfants souriaient).
•  les mères d'enfants avec un attachement anxieux n'étaient pas très réceptives aux besoins des enfants; ou répondaient assez tard.
•  les mères de bébés avec un attachement d'évitement rejettent les enfants (physiquement ou émotionnellement)

Le bébé anxieux veut à tout prix faire que sa mère prenne soin de lui, il veut lui attirer l' attention et se faire aimer. Il montre des attitudes désespérées car il sait que c'est un moyen sûr d'attirer l'attention de sa mère qui réagit en se sentant coupable. Il s'accroche à sa mère désespérément et quand elle ne répond pas, il se met en colère et il la tape. Il est très dépendant de sa mère et fait tout pour la faire réagir.

Le bébé de type évitant est tout le contraire. Habituellement, ils nient ou ignorent leurs émotions, sentiments et besoins. Ceci, bien que fâché contre sa mère, comme le bébé avec un attachement anxieux, préfère s'éloigner et l'ignorer, considérant qu'il peut tout faire seul. C’est la situation de nombreux enfants dont les mères disent lors des consultations que, quand ils étaient bébés, il la rejetaient déjà, ne voulaient pas être allaites et ignoraient leur mamans depuis tout petits.

Plus tard, il a été constaté que les types d’attachement apparaissaient dans la période la petite enfance, étant maintenus jusqu'à l'âge adulte en ce qui concerne les relations avec les autres individus, et en particulier les relations intimes.

Dans le prochain film, je vous invite à regarder comment les bébés réagissent au retour de leurs mères après les avoir laissés dans une pièce avec un étranger.

Ainsi, il a été constaté qu'il existe 3 types d'attachement:

1. L'attachement sécurisant

• les personnes de cette catégorie n'ont pas peur de dépendre des autres ou que les autres dépendent d'eux,
• croient qu'ils sont dignes d'amour et de respect et font confiance aux gens, en partant du principe que leurs intentions sont bonnes en général,
• sont des gens très chaleureux, parviennent à se rapprocher des autres et à créer des relations intimes sans crainte d'être abandonnés ou étouffés,
• ils n'ont pas peur de la solitude non plus.

2. L'attachement anxieux-ambivalent

•  les personnes de cette catégorie sont généralement très anxieuses et demandent beaucoup de preuves d'affection et de proximité de la part de leur partenaire car elles pensent qu'ils ne les aime pas ou qu'on veut les quitter,
•  sont convaincus qu'ils ne sont pas aimés et appréciés comme ils le devraient,
•    ils ont une faible estime de soi et une tendance à en révéler trop sur eux,
•   sont très jaloux et possessifs,
•    ils sont généralement perçus par les autres comme trop insistants et trop étouffants.

3. L'attachement évitant

•  ces personnes apprécient la solitude, l'isolement,
•  ne font pas confiance aux autres et ne veulent pas dépendre des autres
•  ont peur des relations intimes et stables, préfèrent plutôt les relations instables
•  dans une relation de couple, sont très distants, même si leurs partenaires veulent se rapprocher d'eux,
•  sont plus susceptibles de tromper leur partenaire et de rompre souvent.

      Comme la mère est celle qui inculquera à l'enfant, soit l'angoisse vis-à-vis de la vie soit l'amour de la vie, il est bon que chaque mère connaisse les subtilités de la relation qu'elle entretient avec son bébé, pour connaître ces types d'attachement de son bébé / être capable de gérer sa vie affective sainement et de créer l'environnement de développement dont chaque enfant a besoin.

           A la fin de la première année de vie, la relation entre la mère et l'enfant est significative: l'enfant veut explorer l'environnement dans lequel il vit et commence à faire ses premiers pas, à être plus indépendant et à trouver d'autres possibilités d'interaction avec son environnement. . À ce stade, la mère n’est plus ce personnage dont le bébé a été nourri et choyé, mais joue un nouveau rôle, devenant la personne qui impose des limites, qui dit non, qui désapprouve - parfois même causant de la tristesse ou de la douleur. C’est la soi-disant «bonne mère», qui sait que son petit enfant a besoin de limites et doit apprendre à faire face à ces interférences de la vie.

        La façon dont ce changement de rôles de la mère a lieu dépend des facteurs suivants:

- la solidité de l'attachement

- la capacité de la mère à établir et à maintenir des limites, des frontières saines

-la capacité de la mère à offrir de l'amour pour continuer, même si elle est souvent mécontente du comportement de l'enfant.